(Français) RDC–Rwanda : le « Geno-cost », un génocide pour l’or ?
Depuis plusieurs mois, le climat entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda est explosif. Le président congolais Félix Antoine Tshisekedi accuse formellement Kigali de commettre un « génocide » sur le sol congolais. Mais pas n’importe lequel : un génocide pour des raisons économiques, surnommé « Geno-cost »
Un appel solennel à l’ONU

Lors de ses dernières interventions, Félix Tshisekedi a lancé un cri d’alarme à la communauté internationale. Selon lui, les populations de l’Est du Congo subissent une extermination progressive, mêlant massacres, viols, déplacements forcés et exploitation illégale des richesses minières – coltan, cobalt, or etc.
Il appelle les Nations unies et l’Union Africaine à reconnaître officiellement ce « génocide des Congolais » et à mettre en place une commission d’enquête indépendante, assortie de sanctions contre le Rwanda et ses alliés.
Le rôle du Rwanda et du M23
Au cœur des accusations : le soutien supposé du Rwanda au mouvement rebelle M23, déjà condamné dans de nombreux rapports internationaux comme un « proxy » militaire de Kigali.
Selon Kinshasa, ces groupes armés ne se limitent pas aux affrontements militaires. Ils orchestrent aussi des opérations de pillage, de déplacement forcé de populations et de destruction du tissu social congolais.
Qu’est-ce que le « Geno-cost » ?
Le mot est né en RDC : « Geno-cost » désigne un génocide motivé par le profit. L’idée est simple : derrière les crimes de masse et la violence contre les civils, se cache un objectif économique – prendre le contrôle des mines stratégiques de l’Est du Congo, indispensables à l’économie mondiale, notamment pour les batteries et les technologies.
Depuis 2023, la RDC a même instauré une journée nationale de commémoration du « génocide congolais », affirmant que plus de 12 millions de vies ont été brisées – morts, déplacés, femmes victimes de viols de guerre, enfants soldats enrôlés de force, villages entiers réduits en cendres.
Des preuves anciennes, un débat actuel
La question n’est pas totalement nouvelle. En 2010, un rapport des Nations unies, connu sous le nom de Rapport Mapping, avait déjà recensé 617 crimes de masse commis en RDC entre 1993 et 2003. Certains épisodes, disaient les experts, pourraient être assimilés à un génocide. Mais aucune juridiction internationale n’a jamais tranché.
Depuis, des ONG comme Human Rights Watch ou Amnesty International documentent régulièrement les massacres. Plus récemment, les offensives du M23 en 2025 ont été qualifiées de nettoyage ethnique par certains observateurs. Mais le mot « génocide », hautement sensible, reste très controversé.
Le Rwanda rejette en bloc
Face à ces accusations, Kigali nie catégoriquement. Le président Paul Kagame et son gouvernement dénoncent une campagne politique visant à diaboliser le Rwanda, affirmant que leur rôle dans la région est « stabilisateur ». De plus, Kigali accuse régulièrement Kinshasa de soutenir en sous-main les milices hutues rwandaises (FDLR) toujours actives dans l’Est du Congo.
Un drame humain indéniable, une qualification politique
Derrière le bras de fer diplomatique, une réalité brute : des millions de Congolais vivent entre les armes, la faim et la peur. La crise humanitaire est énorme. Mais, pour les juristes et les diplomates, qualifier ces atrocités de « génocide » – au sens strict du droit international – reste extrêmement complexe.
Pour la RDC, la reconnaissance internationale du « Geno-cost » marquerait un tournant historique. Pour le Rwanda, c’est au contraire une menace existentielle qui ternit son image et pourrait entraîner de lourdes sanctions.
Le combat des mots est donc aussi important que celui des armes. Derrière le terme « Geno-cost » se joue une bataille de mémoire, de reconnaissance et de justice qui dépasse largement les frontières africaines.
UWINEZA Delice

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